Japon Kyoto

Kyoto, entre promesse trempée et beauté intemporelle

Kyoto. Même en mars, même sous la pluie, même les pieds mouillés et les mains engourdies, la ville a quelque chose de fascinant. C’était notre première fois ici à 4 (en compagnie des parents du Castor), un court séjour de deux jours, planifié entre Nagoya et Nara, et qui aurait mérité le quintuple de temps. Peut-être plus encore. Nous sommes arrivés en voiture depuis Nagoya, avec un ciel de plus en plus chargé à mesure que nous approchions du Kansai.

Nous avions choisi Kyoto à la fois pour son évidence – impossible de ne pas y passer lors d’un premier long séjour au Japon – et pour célébrer l’anniversaire de la mère du Castor, à qui nous avions voulu offrir une nuit dans un ryokan. Un vrai. Avec tatamis, futons, bains chauds, repas traditionnels. Et pluie battante au programme.

Jour 1 – Tatamis, temples et sukiyaki fumant

Une nuit au ryokan : le Japon tel qu’on le fantasme

Nous avons donc commencé fort, avec notre toute première nuit en ryokan, réservée avec un soin particulier. Le lieu, niché près de la tour de Kyoto nous a immédiatement enveloppés d’une atmosphère feutrée. À peine entrés, on sent que l’espace fonctionne autrement : on quitte ses chaussures, on baisse la voix, on ralentit. Les hôtes sont exceptionnellement prévenants.

L’intérieur était sobre mais élégant : tatamis impeccables, petites alcôves, futons soigneusement pliés, et une salle de bain semi-traditionnelle, équipée d’un bain japonais profond en pierre et en carrelage. C’était un confort différent, fait de silence, de chaleur au sol, de légèreté dans les matériaux.
L’auberge est organisée autour d’un patio façon jardin traditionnel que l’on peut voir depuis les chambres.

Malgré la fraicheur, les édredons et le futon nous ont permis d’avoir bien chaud. Premiers yukatas, première chambre que l’on nous installe pendant que nous sommes partis manger (au sous-sol de la tour de Kyoto)

Le petit déjeuner du lendemain a été un des plus beaux moments du séjour. Servi dans une salle avec vue sur le jardin extérieur et ses carpes qui nagent, il se composait d’un assortiment généreux et harmonieux : saumon grillé, riz, soupe miso, légumes mijotés, omelette, tsukemono (pickles japonais), des haricots. Chaque plat avait une température, une texture et un rythme. Tout le monde était conquis. Si le Castor a adopté ce petit déjeuner depuis que nous vivons au Japon, il n’est pas évident pour tout le monde de passer au salé dès le matin.

Gion et Kiyomizu-dera : la carte postale, trempée

Une fois restaurés et chauds, nous avons pris la direction de Gion, sous une pluie fine mais continue. Le quartier est sans doute l’un des plus photographiés de tout le Japon, et la réalité rejoint ici assez fidèlement l’imaginaire : ruelles étroites bordées de maisons en bois foncé, lanternes rouges, ruisseaux discrets, et cette impression étrange d’être dans un lieu “construit pour être vu”.

Mais Gion reste un quartier vivant, pas un décor. On y croise des dames âgées allant faire leurs courses, et, à notre grande surprise, assez peu de touristes à cette heure et dans cette météo. Le contraste avec certaines vidéos en ligne, où les rues sont remplies à ras bord de smartphones levés, était saisissant. Peut-être que l’hiver a sauvé le début de notre expérience. Du moins jusqu’à la Pagode de Yasaka, parce que là, ça s’est clairement densifié.

Nous avons ensuite monté la pente vers Kiyomizu-dera, temple emblématique de Kyoto, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le chemin pour y parvenir serpente entre petites boutiques et escaliers pavés. Il y a de nombreuses boutiques d’artisanat.

Le bâtiment principal, perché sur sa célèbre terrasse de bois sur pilotis, domine la ville. À l’intérieur, la foule nous a désormais rejoint et le comportement de certains touristes complique encore l’expérience. C’est devenu habituel ici. Ce n’est pas tant le nombre que le comportement des gens qui perturbent les cérémonies de prière qui rend fou. Pour avoir la meilleur photographie, les gens sont capables de se départir de ce qui leur reste de respect.

Le rouge des pagodes tranche sur le gris du ciel. Les petits jardins sont très jolis. On voit de nouveau des carpes dans les étangs.

Les toits ruissellent, les vues sur Kyoto sont grises mais vastes. Nous faisons chacun quelques emplettes. On échoue encore dans notre quête d’un service à Saké. Nous avons visité aussi le temple avec la statue monumentale de Kannon, plus bas dans la vallée, puis Yasaka Jinja.

En marchant au nord du quartier, nous avons reconnu plusieurs décors de la série Makanai: dans la cuisine des maiko que nous avons adorée. C’était très agréable pour nous de nous retrouver là.

Le soir, nous nous sommes réfugiés dans un petit restaurant, repéré un peu par hasard. Leur spécialité : le sukiyaki, que nous les parents du Castor n’avaient encore jamais goûté au Japon. La cuisson à table dans un grand barbecue au charbon au centre, la viande de bœuf finement tranchée plongée dans une sauce sucrée-salée, les légumes mijotés à côté… C’était délicieux.

Jour 2 – D’or, de bambous et de regrets toujours mouillés

Nuit dans une maison japonaise : la révélation du kotatsu

Pour notre seconde nuit, nous avons logé dans une maison traditionnelle louée à un couple japonais, plus modeste, mais extrêmement bien pensée. Des chambres avec tatamis, une cuisine minuscule mais fonctionnelle, et surtout : un kotatsu. Le bonheur.

Le kotatsu, c’est cette fameuse table basse chauffante, recouverte d’une couette que l’on glisse sur ses jambes. Une fois installés dessous, il devient impossible d’en sortir

Le Kinkaku-ji noyé sous la pluie

Mais nous avons bravé l’humidité pour rejoindre le pavillon d’or, le célèbre Kinkaku-ji. Le site est très beau, indéniablement, et le reflet du pavillon dans son étang reste saisissant. Mais… il faut le dire : l’expérience est saccagée par l’afflux touristique, même par temps de chien. On avance à la queue-leu-leu, on ne peut pas vraiment s’arrêter, on prend une photo depuis le point obligatoire et on avance. Ce n’est pas une visite, c’est une procession.

Le site est magnifique, tout le monde nous a dit que c’était trop bondé, trop cadré, trop saturé. Même si le parking n’était pas rempli. Qu’est ce que cela doit être quand il est complet.

Arashiyama : la montagne des singes, les sobas et la forêt rêvée

Heureusement, la suite a tout rattrapé. Nous avons roulé jusqu’à Arashiyama, un peu à l’écart, avec ses montagnes basses, sa rivière et son ambiance presque rurale.

Nous avons grimpé jusqu’au Monkey Park Iwatayama. Il faut mériter la vue : une bonne vingtaine de minutes de marche en pente, dans une forêt humide. Mais en haut, une vue panoramique sur tout Kyoto nous attendait, et une petite centaine de macaques japonais en liberté. Le site est géré avec beaucoup d’éthique : pas de caresses, pas de bêtises, les humains sont dans un enclos pour nourrir les singes à travers des grillages, pas l’inverse. La mère du Castor était ravie, c’était peut-être même son moment préféré.

Après cette parenthèse animalière, nous avons mangé dans un petit restaurant traditionnel, des sobas maison accompagnées de tempura croustillantes, au pied des collines. Service impeccable, ambiance feutrée, et une chaleur réconfortante dans la salle. Nous avons goûté du thé au soba, c’était délicieux.

Nous avions traversé le pont Togetsukyo, avec son arche basse et son cadre naturel superbe, avant de terminer dans la forêt de bambous, que le Castor attendait depuis longtemps. C’était un rêve, depuis des années. Même avec le monde, même avec la pluie, l’atmosphère reste intacte. Une verticalité verte que l’on ne connaît pas en Europe, un bruissement unique, une lumière filtrée (enfin dans le cas présent une pluie filtrée) dans lesquels nous aurions pu rester longtemps.

Enfin, près de la gare de tramway, nous avons croisé le passage des kimonos, une installation artistique faite de rouleaux de tissu coloré disposés comme un jardin lumineux. Très esthétique.

Un regret persistant

En fin de journée, nous avons repris la voiture avec une dernière étape en ligne de mire : Fushimi Inari, et ses milliers de torii rouges. Nous avons roulé jusqu’au pied du sanctuaire, mais la nuit tombait, la pluie reprenait de plus belle, et il était trop tard. C’est la seule chose vraiment regrettée de ce séjour. Ce sera pour une autre fois.

Il faudra revenir

Il faudrait au moins une semaine pour faire honneur à Kyoto. Peut-être deux. Même sous la pluie, la ville brille. Nous n’avons pas vu un dixième de ce qu’il y avait à voir. Mais c’est peut-être mieux comme ça. Car ce que nous avons vu était beau, et nous laisse une envie forte de revenir. Sans parapluie ?

Nous avons repris la route vers Nara de nuit, les essuie-glaces battant la mesure vers une autre expérience.

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