Chichibu Japon Randonnée

Chichibu, randonnée et dégustations

 « Je veux revoir les montagnes, Gandalf. Les montagnes ! »

C’est peut-être une citation un peu galvaudée, mais elle résume à merveille notre besoin d’évasion. Nous la répétons souvent.

 Le 19 avril 2025, pour l’anniversaire du Lez’art, nous étions fatigués – physiquement, mentalement. Mais il fallait marquer le coup. Alors, en début de semaine, le Castor a réservé une voiture en catimini (une Nissan Sakura électrique, ce qui sous entend qu’il va falloir la recharger régulièrement) et un ryokan pour le samedi soir. Direction Chichibu !

Le départ fut… disons progressif. Un déjeuner rapide à Tokyo, un arrêt en cours de route pour recharger la voiture, puis une lente progression vers les montagnes. Une fois sortis de l’agglomération, le paysage s’est métamorphosé : des collines d’un vert tendre, quelques cerisiers encore en fleurs, des villages paisibles noyés dans le feuillage. Rien à voir avec Nikko la semaine précédente : ici, tout semble plus printanier !

L’ascension du Mont Buko

Nous arrivons au pied du mont Buko vers 15h30. À l’entrée du sentier, un torii marque la transition entre le monde profane et la montagne sacrée. Les toilettes (propres et modernes, comme souvent au Japon) nous permettent de nous préparer pour la montée. Un vieux monsieur croisé au départ nous avertit : il fera nuit dans deux heures. Avez-vous des lampes ? Oui, bien sûr. Mais on espère être redescendus avant. On est stupides parfois. Personne dans notre sens, les gens ne font que descendre. Mais la randonnée ne doit durer que deux heures, on fera la fin dans la pénombre mais ça devrait le faire, non ?

 En fait, c’est la montée qui dure deux heures…

800 mètres de dénivelé. Pas de plat, pas de répit. Chaque pas nous éloigne du quotidien. Au fil du sentier, la forêt change. On longe un ruisseau chantant, on croise un minuscule sanctuaire aux racines des arbres. Des cèdres immenses craquent dans le vent ; leur parfum emplit l’air d’une douceur résineuse. Le silence n’est jamais complet, mais il est habité – par les bruissements, les chants d’oiseaux, le souffle de la forêt.

Le sommet se mérite. Un temple nous accueille. Le Lez’art y voit un cerf, une silhouette furtive entre les piliers. Nous sommes seuls. Le panorama est voilé par la poussière suspendue dans l’air, mais la vue sur Chichibu en contrebas reste impressionnante. La lumière décline. Il est temps de redescendre.

On marche un peu sur le chemin de crête dans la lumière descendante, puis il faut s’enfoncer de nouveau dans la forêt

Nous commençons la descente dans la pénombre, frontale vissée sur le front. Les lacets du sentier sont désormais des tunnels d’ombre. On entend des animaux – peut-être un renard, ou un blaireau ? Des ours sont signalés dans la région, mais nous doutons que ce soient eux. Cependant, on se met tout de même à chanter pour les tenir à l’écart. Peu importe : cette marche nocturne est une expérience en soi, presque rituelle. Nous atteignons enfin la voiture à 19h, trempés de sueur, un peu fourbus, mais pleins d’une énergie nouvelle.

Sur la route du ryokan, la magie continue. Des biches traversent la route. Un renard, messager de la déesse Inari, lève le museau sur notre passage. Puis nous arrivons : un ryokan traditionnel où l’accueil est d’une douceur exquise. Le maître de maison, d’une grande gentillesse, nous recommande un petit restaurant omakase à dix minutes de marche.

Le dîner est une révélation. Tout est délicat, inspiré, un subtil mélange,. Maquereau braisé, tarako frit en bouchées croustillantes, gâteau de champignon, soupe de bambou et wakame, velouté de kabocha, tempuras d’herbes de montagne, ragoût de cerf, riz parfumé, gâteau. Chaque plat est une poésie !

De retour au ryokan, nous profitons d’un onsen privé – récompense parfaite après les efforts de la journée. Le bain chaud détend les muscles, mais aussi l’âme.

La nuit est excellente. Au matin, un des meilleurs petits déjeuners que nous ayons goûtés : saumon grillé, tofu chaud maison (divin !), soupe au sakura, œuf mariné à la sauce soja, asperges à la mayonnaise miso, légumes marinés, natto. Chaque élément est préparé avec une sincérité qui touche au cœur. Rien de surfait. Tout est juste.

Randonnée à Hodosan – Nagatoro

Nous reprenons la route vers Nagatoro, non sans un arrêt photo à un belvédère familial. D’ici, on voit le Mont Buko que nous avons gravi la veille.

À Nagatoro, nous stationnons près de la gare et tombons par hasard sur le vieux train à vapeur – le « Paléo Express ». Le Castor a un pincement au cœur de ne pas monter à bord.

Nous entamons l’ascension du Hodosan après une pause au temple en contrebas. Le sentier est plus accessible que celui de la veille, large, bien entretenu. Beaucoup montent en téléphérique et redescendent à pied, on croise donc beaucoup de monde. La forêt est douce, peuplée de chants d’oiseaux. Le temple au sommet est très fréquenté, mais en poursuivant au-delà, nous retrouvons rapidement la solitude.

Le sentier descend par des escaliers pentus, bordés de cèdres magnifiques et de vues entre les arbres sur le village en contrebas. Plus on avance, plus la foule se dissipe. Sur la fin, nous sommes seuls. Nous rejoignons le hameau de Nogami, puis finissons à pied jusqu’à Nagatoro. Chemins de village, maisons anciennes, jardins soignés – cette marche est un dépaysement, même si on se dit qu’on aurait pu s’économiser en prenant le train entre les deux stations.

À Nagatoro, nous nous offrons quelques douceurs : senbeis, bonbons à l’érable, warabi mochis. Un parfait à la patate douce – un pur délice – vient clore ce week-end de montagne.

Le trajet retour est ponctué d’une ultime recharge et… de bouchons interminables à Saitama. Mais rien n’entame notre enthousiasme. Nous devons revenir, il faut bien rendre la Sakura chez Nissan.

Chichibu est restée dans l’ombre de destinations plus connues comme Nikko ou Hakone, et c’est tant mieux. Presque pas de touristes occidentaux, mais une ferveur locale palpable. Il nous reste tant à découvrir : le cœur de la ville, les bateaux sur la rivière, le fameux Paléo Train…

Nous reviendrons. C’est certain.

Suivez nous, partagez....

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *