Les alignements de Carnac sont connus, réputés et… très visités. Nous le savions, et nous avions pris nos dispositions. Ce n’était une découverte pour aucun d’entre nous : nous les avions déjà vus enfants, et nous étions déjà un peu revenus peut-être de ce que peuvent laisser transparaître les photographies promotionnelles du lieu. Le Lezart avait un triste souvenir de ces menhirs engrillagés pour éviter que l’humain d’aujourd’hui ne vienne abîmer les prouesses de l’humain d’hier.
Aussi, nous avions mis un réveil matinal, afin d’être, si ce n’est les premiers, dans les premiers sur les lieux. Nous avons donc pu nous garer sur les places de parking créées pour les visiteurs.
Nous avions repéré un petit circuit de randonnée d’une dizaine de kilomètres : les alignements du Menec et de Kermario, le quadrilatère du Manio, le géant du Manio et deux tumulus.
En partant tôt le matin, nous avons eu la chance d’être préservés de la foule sur les 3/4 de notre promenade. Nous avons ainsi pu profiter des alignements dans le matin, en prenant le temps de confronter nos souvenirs et la réalité. Les panneaux remettent le mégalithe au milieu du village : cela n’a rien de celtique, cela n’a rien de préservé. On est là en plein milieu de la folie romantique du XIXè siècle : nombre des mégalithes ont été relevés ou même déplacés. On ne faisait pas vraiment de l’archéologie pour comprendre, on a un peu tordu un site pour le faire rentrer dans des schémas pré établis. L’histoire un peu manipulée, pour corroborer un récit fantasmé, pour créer artificiellement un roman national. On s’est plut à grandir dans ces histoire de druides et de gaulois. L’âge adulte et un peu de raisonnement scientifique plus tard, on sait que c’est de l’ordre de la légende. Et l’on se résout à entendre que, pour protéger le passé, il faut parfois le mettre derrière des barrières. L’entrée reste cependant gratuite.
Nous avons eu la chance de voir le quadrilatère du Manio et le géant du Manio en solitaire. Personne dans ces sous-bois où le Castor enfant avait assisté à une soirée Contes au pied des menhirs. Quelques nouveautés s’offrent à nos yeux : deux tumulus très bien conservés, l’un au milieu de petits bois et l’autre coiffé d’une chapelle pour christianiser un peu cet ensemble.
A notre retour au parking, l’ambiance est différente : les parkings sont noirs de monde et il y a force voitures et camping-cars en vrac sur les bords de route « au plus près » des barrières. Des groupes encadrés par des guides se promènent autour des alignements. Disneyland mégalithique. On le savait, on le constate et … on en est. Nous voilà atteignant notre éternel point du tourisme misanthrope.
On reprend notre voiture pour un repas à Plouharnel à la crêperie la Rose Tremière puis en prenant la direction de Saint Cado et de la Ria d’Ethel, on s’arrête le long de la route, apercevant les alignements de Kerzérho qui nous tendent les bras. Un peu moins touristiques, beaucoup plus d’enfants qui font la course autour des menhirs…. un peu plus vivant peut-être ?
Pour la halte : Parking de la plage de Sainte Barbe à Plouharnel
Pour les oreilles : Le chant des druides – Manau
Pour les papilles : Crêperie la Rose Tremière à Plouharnel ( pas un souvenir exceptionnel)