Durée du séjour : une nuit et 1 jour
Pour la halte :
Nous avons rejoint le site de la Vallée des Saints un dimanche vers 19h. Nous avons donc pu nous garer sur la prairie qui sert de parking pour le site. Il y avait déjà là un certain nombre de vans et camping-cars qui profitaient également de ce spot. Cependant, le parking est en pente, il faut bien choisir sa place pour limiter le désagrément. Les toilettes et un point d’eau sont accessibles en 24/24 sur le site de la Vallée des Saints.
Pour la culture : La Vallée des Saints à Carnoët.
Qu’est ce que ce projet ? Une idée surprenante qui consiste à peupler une colline surplombant la région du Poher de sculptures en granit breton représentant les Saints de la Bretagne. Les premières sculptures ont été réalisées en 2009. Le site en compte actuellement 113. L’objectif est d’atteindre les 1000 sculptures dans un siècle.
Nous avons commencé notre découverte du site une première fois, le dimanche soir en arrivant, au coucher du soleil.
On est là, entourés, dominés même par des dizaines de figures bien plus hautes que nous dont le regard se perd à l’horizon. Dans le crépuscule de ce mois de juillet, on déambule entre les figures des saints Bretons au corps de pierre. Île de Pâques au milieu d’un océan de petits monts, cet univers revêt en ce soleil couchant une forme d’irréel.
Elles sont nombreuses les figures qui tiennent leur tête sous le bras, figées dans un mouvement de recherche de celui ou celle qui la leur remettra sur les épaules.
Ils sont nombreux ces géants de pierre statufiés dans une béatitude très religieuse, à tenter de nous insuffler la paix et l’harmonie dont leur vie semble avoir été constituée.
On marque de grandes circonvolutions dans ce parcours sans itinéraire, à pratiquer les sauts de puce entre les figures qui attirent notre œil. Celle là plutôt qu’une autre, alors qu’elle est à l’autre bout de la scène, délaissant par là même les voisines, probablement tout aussi intéressantes.
Le ciel joue avec les couleurs des pierres, le voile rose orangé de cette fin de jour et le début de gris de la montée de la nuit.
Sans guide et avec presque personne autour, on essaie de s’imaginer la vie des Saints de Bretagne rien qu’à leurs attributs, leurs accessoires, leurs attitudes.
Ils sont figés là, dans un arrêt sur image définitif et pourtant, le mouvement imprimé dans la pierre les rend parfois un peu vivants. Ils sont dans le défi du temps. Que penseront les archéologues du futur, si les traces de notre civilisation disparaissent et que l’on ne découvrait là que cette centaine de figures posées sur une colline bretonne ?
Il ne faut pas oublier que le projet de base reste religieux, profondément chrétien. Pourtant, dans cette nuit tombante et au milieu des noms de pierre, il est plus facile d’y ressentir une énergie toute celtique que les vagues normatives d’un quelconque conclave italien. C’est peut-être aussi dû au fait qu’il est facile d’accéder à la sainteté en ce lieu…. La Bretagne semble avoir reconnu ses Saints locaux sans s’embarrasser des canonisations de Rome. D’aucun ont leur existence à peine attestée, d’autres doivent leur réputation sainte à leur engeance…On est parfois bien loin des miracles individuels, au milieu de ce miracle collectif de les avoir tous recréés et réunis là, à Carnoët.
On continue de tourner autour de ces colossses de pierre, on s’amuse ou s’émeut de leurs prénoms, exotiques à nos oreilles picardo-bourguignones.
Dans le bleu de la nuit qui s’installe, on redescend la colline, en direction de notre bivouac en souhaitant bonne nuit aux géants que nous retrouverons demain.
Le lendemain notre découverte sera plus prosaïque. Le tranquille parking s’est peuplé et le site est déjà bien rempli quand nous passons au pied de la statue d’Azénor.
Contrairement à la veille, la boutique est ouverte. On peut donc acheter là un guide qui va nous permettre de poursuivre notre cheminement avec un peu plus d’informations sur chaque statue.. Mais surtout l’on peut voir les sculpteurs au travail.
Sur le site de la Vallée des Saints, l’atelier des sculpteurs est à ciel ouvert et on les voit à pied d’oeuvre devant leurs gigantesques blocs de granit, à les transformer et les modeler pour leur donner forme humaine. On reste là quelques temps, à observer leurs geste, leur matériel et leur concentration…. Les colosses en devenir dans leur armature de fer pour les maintenir jusqu’à ce qu’ils soient assez développés pour se tenir seuls debout sur la colline.
Puis, livret-guide en main, on se dirige vers la colline habitée de plus d’humains de chair que d’humains de pierre en cette chaude journée. Le guide nous aiguille sur les légendes de ces Saints dont on doute parfois de l’existence réelle ou qui sont Saints par hérédité ou en remerciement de leurs velléités de fondateurs.
On commence à reconnaître les marques des sculpteurs, la fermeture éclair de Kito par exemple.
Le livret-guide présente les origines des divers granits utilisés pour les sculptures mais également un dossier sur les rochers sculptés de Rothéneuf que nous avons visité à Saint Malo. C’est là que nous avons découvert les cartes postales du milieu du XXè siècle, constatant par la même occasion que les rochers sculptés que nous avons admirés avaient bien vieilli…
Notre promenade se conclut sous un soleil de plomb, en constatant la diversité des publics mais en regrettant également le manque de respect de certains vis à vis des statues.
L’entrée du site est libre et gratuite, il est ouvert 24h/24h. Espérons donc que le manque de civilité d’une partie de nos congénères ne finisse pas par abîmer les statues et à terme, les enfermer derrière des grilles comme les menhirs de Carnac.
La visite de ce site ne se fait pas rapidement. Et il ne compte pour l’instant qu’un dixième de ce qu’il représentera dans plusieurs dizaines d’années. Cependant il faut bien réussir à le quitter. Nous partons donc direction Callac, pour un refaire un plein de nourriture et rechercher désespérément un kouign amann et un office du tourisme ,qui se révèle fermé le lundi puis Carhaix-Plouguer, pour un tour de ville.
En chemin, un ralentissement inattendu mais prévisible ( cheveux bleus pour le Castor, air de saltimbanque pour le Lézart, cela attire les agents de la maréchaussée qui nous font vider le contenu de notre voiture-logement) dû à l’imminence du festival des Vieilles Charrues, un petit bonjour à l’office du tourisme, un très bon kouig-amann pour la route et nous continuons vers Saint-Nicodème, pour atteindre notre spot de randonnée du lendemain.
Pour les papilles :
Un kouig-amann, au fournil du Poher, Carhaix-Plouguer
Pour les oreilles :
Lambé An Dro, Matmatah
Kalonkadour, de Tri Yann
Pour l’esprit :
Alice et les Fées de la Forêt, dans le bel album illustré des Légendes de Bretagne
Guide de visite de la Vallée des Saints, 7ème édition
Bravo pour ces superbes photos. La lumière est splendide. Celle de Saint Tugdual couronné d’une perle de lune et celle de Sainte Clervie donnant l’impression d’être sur le départ sont étonnantes.