Durée de l’étape : deux nuits et deux jours.
Deuxième étape de ce road-trip breton : la forêt de Brocéliande. Une découverte pour le Castor, un retour pour le Lézart.
Pour la halte :
Nous avons bivouaqué deux nuits en ces lieux, à deux spots différents.
Le premier, sur le parking du château de Comper, lieu du centre de l’imaginaire Arthurien.
Est-ce que l’on recommande ? Et bien… c’est reculé, plutôt calme en apparence mais…
1. C’est infesté de moustiques à la nuit tombée et honnêtement nous nous sommes fait dévorer
2. Hasard du moment, il y avait une rave non loin de là et nous avons entendu la musique toute la nuit.
3. Indépendamment du spot, le matelas a crevé (préparez vous, c’est un running gag).
Donc, c’est plutôt un non, à moins de venir en dehors de la saison des moustiques. C’est dommage parce que c’est bien arboré et peu passant.
Notre second spot est le parking de départ de la promenade de la Fontaine de Barenton. Et là par contre nous validons : le coin est isolé, mais le parking est vaste. Malheureusement il est peu ombragé et légérement en pente ce qui peut être dérangeant.
Notons aussi que la visite est populaire et que dès le matin d’autres voitures risquent de venir vous rejoindre.
Pour la culture : Centre de l’Imaginaire Arthurien – Porte des Secrets – Centre de Paimpont – Tombeau de Merlin et Fontaine de Jouvence – Chêne des Hindrés – Chêne à Guillotin – Fontaine de Barenton – Val sans retour – Hotié et Vivianne et Tombeau des géants.
Le Centre de l’Imaginaire Arthurien situé dans le château de Comper est une visite à ne pas manquer même s’il n’est pas très « médiatisé » (il y a peu de panneaux l’indiquant).
Il se compose d’une exposition permanente sur le thème de la légende arthurienne dans un ancien logis seigneurial. La muséographie est belle, les panneaux sont exhaustifs et accessibles, il y a ici également une utilisation de la vidéo projection et de la narration très appropriée. Nous avons eu la chance de pouvoir faire une visite contée et c’est un plus.
Nous regrettons cependant de n’avoir pas programmé notre voyage début août car le centre est aussi connu pour ses animations et spectacles autour du thème de la légende. Et début août semble en être la pleine saison.
Il y a aussi une boutique à faire flamber les bourses : de nombreux livres pour tous les âges principalement, quelques objets de décoration ou des cartes….
Il faut également noter que le château est entouré d’un parc dont le coeur est le lac de la fée Vivianne. D’après la légende, la fée vivrait en ce lac dans un château sous l’eau qui aurait été créé et offert par Merlin. L’on dit que certains privilégiés peuvent apercevoir le château en observant la surface du lac. Nous ne fûmes malheureusement pas de ceux là.
Nous avons ensuite visité le centre du joli bourg de Paimpont. La légende fait recette et attire les touristes : il y a beaucoup de monde pour un dimanche après-midi en début de saison et les magasins sont ouverts.
Dans l’optique de trouver des chemins de randonnée, nous nous rendons dans l’office du tourisme et presque par hasard nous prenons des billets pour « La Porte des Secrets » : un parcours spectacle immersif qui a pour thème certes la légende mais également d’autres aspects de la forêt de Brocéliande.
Nous n’avions pas prévu cette visite mais c’est un énorme coup de coeur : esthétiquement c’est sublime, les détails sont soignés, cela donne envie de rester là et de ne pas partir. Dommage cependant qu’il fasse un peu chaud dans la première salle.
Cela vaut le prix que l’on y met (8€ par adulte)
Pour la suite, il faut enfiler les chaussures de randonnée. L’office du tourisme a fait du bon travail et propose une carte de plusieurs petites boucles pour voir les sites d’intérêt présents dans la forêt.
Nous commençons donc par le tombeau de Merlin et la Fontaine de Jouvence qui sont sur la même boucle. Nous ne l’avons pas fait en entier car il y a beaucoup de monde (c’est une des boucles les plus populaires et très accessible en terme de difficulté).
Nous nous sommes heurtés là à un paradoxe : nous aurions aimé avoir ces lieux pour nous seuls. Pour pouvoir en profiter pleinement de l’ambiance des lieux, s’imprégner de la magie et de la mystique de l’endroit sans être « ramenés sur terre » par la présence de nos frères humains. Mais si c’est connu de nous, c’est également connu d’autres et ils ont comme nous le droit d’en profiter. Mais c’est un peu dur d’avoir l’impression de ne profiter qu’à moitié de ces lieux millénaires dont nous avons tant rêvé.
Mais l’humain peut avoir du beau : auprès de la fontaine de Jouvence, rendue boueuse par le manque d’eau et la stagnation ( nous ne nous y sommes donc pas baignés, la marche du temps gardera son emprise sur nous), l’initiative d’un inconnu a transformé le sous-bois en un village du petit peuple. Des centaines et centaines de cairns réalisés par les visiteurs de passage se dressent là le long du sentier et dans le fond d’un petit cirque de pierre.
La promenade suivante est beaucoup plus calme : le Chêne des Hindrés attire moins les visiteurs que les grands noms liés à Kaamelott – Camelot – Camalot – Camaaloth. La boucle mesure environ 6km dans les sous bois. Nous l’avons prise à l’envers parce que parfois nous sommes un peu des boulets mais cela se fait très bien.
Les chênes côtoient les houx dans l’infinie bataille de la roue de l’année quand à Yule le Roi Chêne l’emporte temporairement…. Jusqu’à Litha où le Roi Houx reprend l’avantage.
Si en ville nous peinons sous le poids des degrés, la forêt nous offre un havre de fraicheur plus que bienvenu et l’on prend du temps à flâner sous les feuilles, essayant d’apercevoir là quelques animaux sauvages ou peut-être des fées…
Le chêne à Guillotin n’est pas à proprement parler le centre d’une balade mais plutôt un point d’intérêt que nous avons rejoint en voiture. Nous avons eu le plaisir de le voir en compagnie d’inconnus qui, nous croyons, avaient un profond respect pour cet arbre vénérable et l’envie de profiter de l’instant avec toute la cérémonie dont nous avions également envie.
L’histoire raconte que si ce chêne porte ce nom, c’est qu’il a servi de refuge à l’ecclésiastique éponyme en fuite durant la Révolution qui se cacha dans le creux de son tronc. Ce n’est pas impossible, le tronc peut bien contenir plusieurs personnes !
Le sentier de la Fontaine de Barenton, nous l’avons découvert sous deux visages :
Le premier… à minuit ou presque. Puisque le matelas avait de nouveau crevé à 23h et qu’il fallait attendre un peu que la colle à matelas prenne, nous voilà partis avec les lampes frontales sur le sentier.
La forêt de nuit n’est pas le royaume des humains. C’est celle des animaux, des plantes, du petit peuple et des créatures de l’ombre. Elle bruisse des déplacements à quatre pattes, des bourdonnements d’insecte, des rumeurs de la vie animale. Et c’est ainsi que nous nous sommes sentis tout petits et fragiles dans une demeure qui n’était pas la nôtre. Tant et si bien que nous avons eu l’intuition qu’il fallait rebrousser chemin et laisser à la faune sa tranquillité…. Et, alors que presque arrivés au parking qui était notre villégiature, on entend le grommellement caractéristique et le bruit des sabots….nous sommes poursuivis par un sanglier. Une course dans la nuit nous ramène à notre campement… nous reviendrons une fois le jour levé.
Nous ne serons plus seuls. Déjà la forêt vit au rythme des prêtresses venues se laver dans la Fontaine de Barenton. Les tambours rituels rythment leur passage, le chant porte notre progression jusqu’à la fontaine. Leur gratitude l’honore, et l’on se s’y sent bien. La fontaine est vive, l’eau y coule bien plus qu’à la fontaine de Jouvence.
Elle sera le lieu de notre recueillement et d’une séance de jongle un peu mystique. Nous aurons la chance de voir le cortège de bulles caractéristique d’une baignade des fées dans la fontaine.
Le trajet qui y mène est fort agréable, alternant entre sous-bois et parties plus clairsemées qui donnent à voir les fougères sous les rayons du soleil.
Nous prenons ensuite la route vers Tréhorenteuc pour visiter l’Eglise du Graal mais surtout pour faire le circuit du Val sans Retour. Le Lézart sait l’avoir fait enfant, mais la sécheresse et le temps qui passe ont modifié le paysage et les souvenirs. L’Arbre d’Or a vu repousser la végétation qui l’entoure, les arbustes émeraudes sont devenus arbres de jade, les rigoles sont asséchées et le paysage a perdu sa rosée. Le monde a changé…
Nous passons près du Miroir aux Fées et gravissons ensuite les bords du Val. On saute sur les grès errodés et l’on s’imagine Lancelot mettant fin à la fureur de Morgane et libérant les amants. Là encore, beaucoup de monde sur les sentiers et le soleil nous darde de ses rayons. On s’interroge sur la nature d’une plante pour se rendre compte qu’il s’agit du fameux blé noir des galettes (incultes agricoles que nous sommes).
Nous nous destinons ensuite à la visite de l’Hotié de Viviane et du tombeau du Géant. Moins de monde sur ces sentiers, nous voici presque seuls. Le passage est moins marqué et les fougères ont bien repris leurs droits sur ces sites. L’hotié de Viviane est une tombe mégalithique au milieu des herbes folles. Là aussi, trace du passage de prêtresses dans les couronnes tressées.
On se recueille devant l’immensité du temps vécu par ce lieu.
Le tombeau du Géant est autrement plus impressionnant. C’est a priori également un coffre funéraire dont la pierre supérieure a été déplacée mais la dimension de ces blocs force le respect.
Ce lieu fût pour nous l’occasion d’une pause à fouiller dans nos souvenirs anciens, à remettre en ordre nos représentations de ces sites-là et d’autres. C’est le dernier endroit que nous avons visité en Brocéliande, notre dernier pas dans ce monde de légendes.
Pour les papilles :
Nous avons pu manger des crêpes dans la cour du Château de Comper : une artisane crêpière s’installe là pour vendre ses productions aux visiteurs à un prix vraiment modique et elles sont réellement bonnes.
C’est validé pour nous.
Nous avons eu l’occasion de goûter le jus de pomme du pays de Brocéliande. C’est une très bonne production, pas trop sucrée mais succulente.
Nous avons ensuite mangé à la crêperie « la Fée Gourmande » à Paimpont. Très bonne adresse avec une terrasse au bord de l’étang de Paimpont. Elle sert sans discontinuer entre midi et soir. Les galettes y sont bonnes et bien garnies. Nous avons pu goûter le cidre brut du Pays de Brocéliande (même producteur que le jus de pomme) qui est l’un des meilleurs que nous avons goûté lors de ce voyage.
Pour les oreilles :
L’album des Derniers Trouvères « Retour en Forêt » pour la sagesse et la puissance des légendes.
La bande originale du film Excalibur plus particulièrement le titre pour « Pour l’amour de la Reine » et surtout …..
« Je m’appelle Perceval
Chevalier du Saint Graal
A pied ou à cheval
La quête est mon seul idéal
J’ai goûté chaque chose
Dans de grands lits de roses
Soulevé chaque pierre
Vécu mille déserts
Gens de terre Gente Animale
Avez-vous vu le Saint Graal ?
Entendez vous le murmure ?
Le chant de cette blessure »
Chanté régulièrement ça et là dans les forêts et près des eaux, portés par les souvenirs.
Un peu de « à la volette » par M. Astier, le problème c’est qu’elle reste.
Les filles des forges, par Tri Yann, découvertes par le truchement des top titre Deezer juste avant d’arriver à Paimpont.
Pour l’esprit :
Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet (à lire assis sur un rocher chauffé par le soleil)